

Tour d'Italie: le Mexique fier d'Isaac del Toro, même s'il a craqué près du but
Déjà prophète en son pays: le Mexique s'intéresse soudain de nouveau au cyclisme grâce à la performance d'Isaac de Toro, même si le jeune prodige a laissé filer la victoire dans le Tour d'Italie lors de l'avant-dernière étape samedi.
"Isaac del Toro perd le maillot rose, mais entre dans l'histoire du cyclisme mexicain en terminant deuxième", s'enthousiasme la célèbre journaliste Azucena Uresti, plus habituée à commenter la vie politique locale pour ses quasi 900.000 abonnés sur X.
L'espace d'une campagne d'Italie, El "Torito" a replacé le Mexique sur la carte mondiale du cyclisme, 35 ans après la huitième place sur le Tour de France de Raul Alcala.
Depuis, c'est la Colombie qui avait le monopole des héros et des exploits en Amérique latine, de Lucho Herrera à Egan Bernal.
Pendant les 11 étapes où il a porté le maillot rose de leader, Del Toro a fait vibrer ceux qui l'ont vu grandir chez lui à Ensenada, en Basse-Californie, sur les bords du Pacifique.
Quand il a commencé à s'entraîner à l'âge de sept ans, il avait les compétences moyennes d'un enfant de son âge.
Mais sa discipline et sa force mentale ont façonné le champion qu'il est en train de devenir à 21 ans, se souvient son premier entraîneur José Ascensión Acevedo "El Chon".
Dans son atelier de vélos, Acevedo parle d'un enfant "obéissant" qui est arrivé avec son père pour se former dans son école.
Del Toro a ensuite remporté son premier trophée sous les couleurs de "Los Pupilos del Chon".
"Les valeurs inculquées dans sa famille ont fait de lui une personne (..) très humble qui sait écouter les conseils de se son entourage technique", ajoute 'El Chon', 57 ans, rencontré par l'AFP à Ensanada.
- Carrière fulgurante -
Beaucoup de trophées ont suivi et l'enfant d'Ensanada a rejoint Saint-Marin, le camp de base de sa première équipe, A.R. Monex.
Sous les couleurs de cette formation d'origine mexicaine, Del Toro a remporté en 2023 le Tour de l'Avenir, considéré comme le Tour de France des jeunes, tout comme en son temps le Slovène Tadej Pogacar.
Après ses débuts professionnels en 2024, le Mexicain a été recruté par UAE, dont le directeur sportif, Fabio Baldato, le considère déjà comme un "phénomène".
Pendant le Giro, certains l'ont comparé à Pogacar pour son style de grimpeur.
A Ensenada et au Mexique, on pense que l'enfant du pays a l'avenir devant lui.
"Je peux déjà le considérer comme une idole, parce que ce qu'il est en train de faire est impressionnant", témoigne la première légende du cyclisme mexicain, Raul Alcala, vainqueur de deux étapes du Tour de France en 1989 et 1990.
"C'est un bon rouleur (...), il va bien en montagne, descend très bien. C'est un excellent coureur", souligne Alcala auprès de l'AFP.
Del Toro a une vertu supplémentaire qui soutient toutes les autres: une "forte mentalité" -comme on a pu le vérifier samedi- qui contraste avec sa jeunesse, ajoute Alcala, 61 ans aujourd'hui.
Piégé avec l'Equatorien Richard Carapaz, son dauphin au classement, le Mexicain a fait preuve de caractère et de grandeur d'âme après avoir perdu le maillot rose de leader au profit d'un troisième homme, Simon Yates.
Quelques minutes plus tard, sur un ton calme, il a reconnu que perdre le Giro était "décevant", mais aussi une opportunité pour "mûrir".
"J'ai démontré que je pouvais être un coureur de premier plan, et je ne pourrais pas être plus fier et heureux", a dit l'enfant prodige d'Ensanada. Avec une promesse: "Je reviendrai plus fort".
T.M.Kelly--NG