Lula et Milei aux antipodes face au risque de conflit au Venezuela
Le président brésilien Lula a mis en garde contre une "catastrophe humanitaire" en cas de conflit armé au Venezuela, samedi lors du sommet du Mercosur à Foz do Iguaçu au Brésil, où son homologue argentin Javier Milei a salué "la pression" des Etats-Unis sur Caracas.
Les deux dirigeants sud-américains, aux antipodes sur l'échiquier politique, ont tenu ces propos diamétralement opposés après que le président américain Donald Trump n'a pas écarté la possibilité d'une guerre contre le Venezuela lors d'un entretien à la chaîne NBC diffusé vendredi.
Samedi, le bloc sud-américain était censé sceller l'accord de libre-échange avec l'Union Européenne (UE), mais les réticences de la France et de l'Italie ont reporté la signature au dernier moment.
Et Lula a tenu à évoquer face à ses homologues sud-américains le sujet brûlant de l'escalade des tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela.
Washington a déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes depuis cet été, et mené une série de frappes visant des embarcations de trafiquants de drogue présumés dans les Caraïbes et le Pacifique.
Au moins 104 personnes ont été tuées dans ces frappes depuis le début de ces opérations, sans que le gouvernement américain n'ait jamais fourni la moindre preuve que les navires visés étaient effectivement impliqués dans un quelconque trafic.
En parallèle, le président américain agite depuis des semaines la menace d'une intervention terrestre.
"Quatre décennies après la guerre des Malouines, le continent sud-américain est à nouveau hanté par la présence militaire d'une puissance" étrangère, a affirmé Lula.
"Une intervention armée au Venezuela serait une catastrophe humanitaire pour l'hémisphère (sud) et un précédent dangereux pour le monde", a-t-il insisté.
M. Mileu a au contraire salué "la pression des États-Unis et de Donald Trump pour libérer le peuple vénézuélien".
"La dictature atroce et inhumaine du narco-terroriste Nicolas Maduro projette une ombre sombre sur notre région. Ce danger et cette honte ne peuvent pas continuer d'exister sur le continent, sinon ils finiront par nous entraîner tous avec eux", a lancé le dirigeant ultralibéral.
- Accord UE-Mercosur signé en janvier? -
Les présidents du Brésil et de l'Argentine sont en revanche alignés au sujet de l'accord entre l'UE et le Mercosur.
"Sans volonté politique et sans courage de la part des dirigeants, ce ne sera pas possible de conclure une négociation qui traîne depuis 26 ans", a déclaré Lula.
"Hier, j'ai reçu une lettre des présidents de la Commission européenne et du Conseil européen, dans laquelle tous deux expriment l'espoir de voir l'accord approuvé en janvier", a-t-il ajouté.
L'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay espéraient initialement parapher le traité ce samedi, tout comme la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et la plupart des pays de l'UE.
Mais cette signature a finalement été reportée, face à la colère des agriculteurs européens, notamment en France et en Italie.
Au sujet de la réticence de la Première ministre italienne Giorgia Meloni, qui a jugé une signature samedi "prématurée", Lula a affirmé qu'elle lui avait assuré au téléphone qu'elle serait "prête" à l'accepter début janvier.
"Si elle est prête à signer et qu'il ne manque plus que la France, Ursula von der Leyen et António Costa (président du Conseil européen, ndlr) m'ont assuré que la France ne pourra pas, à elle seule, bloquer l'accord", a-t-il ajouté.
L'accord UE-Mercosur permettrait aux européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.
Dans le sens inverse, il faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées.
Samedi, des barrages sont toujours en place sur des axes routiers et autoroutiers du sud-ouest de la France, au premier jour des vacances scolaires dans le pays.
O.F.MacGillivray--NG