Nottingham Guardian - Madagascar: Rajoelina confirme son départ, un colonel investi président vendredi

Euronext
AEX 0.21% 957.17
BEL20 0.27% 4992.01
PX1 0.82% 8143.62
ISEQ 0.04% 11587.42
OSEBX -0.07% 1641.98 kr
PSI20 0.29% 8275.13
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK 1.4% 3971.96
N150 -0.01% 3680.07
Madagascar: Rajoelina confirme son départ, un colonel investi président vendredi
Madagascar: Rajoelina confirme son départ, un colonel investi président vendredi / Photo: Luis TATO - AFP

Madagascar: Rajoelina confirme son départ, un colonel investi président vendredi

Madagascar se prépare à l'investiture à la tête du pays d'un militaire qui a assuré jeudi qu'il ne s'agissait "pas d'un coup d’État", après trois semaines de manifestations qui ont chassé du pouvoir le président Andry Rajoelina, en fuite à l'étranger.

Taille du texte:

Dans les rues d'Antananarivo, capitale de cette île pauvre et touristique de l'océan Indien, l'heure est la fête depuis mercredi, l'armée invisible, et la vie quotidienne a repris son cours, sans les barrages qui bloquaient la ville depuis le début des manifestations le 25 septembre.

"Un coup d’État, c'est quand les soldats entrent dans le palais présidentiel avec des armes, qu'ils tirent, qu'il y a du sang... Ce n'est pas un coup d’État", a déclaré à la presse le colonel Michaël Randrianirina, 51 ans, qui doit prêter serment vendredi en tant que "président de la refondation de la République de Madagascar", selon un décret.

Sa désignation à la présidence a été approuvée par la plus haute juridiction du pays, démontrant que la prise de fonction "suit la procédure légale", a-t-il souligné. "Madagascar n'a pas choisi un régime miliaire. Le gouvernement appartient aux civils et le conseil présidentiel est aussi composé de militaires et de civils".

Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'entourage de l'ex-président Andry Rajoelina, destitué mardi par un vote de l'Assemblée nationale malgache, a confirmé pour la première fois que le président déchu avait "quitté le pays" entre le 11 et le 12 octobre.

Ce départ est intervenu après que "des menaces explicites et extrêmement graves ont été proférées contre la vie du chef de l’État", précise un communiqué de son entourage transmis à l'AFP dans la nuit.

C'est la première fois qu'Andry Rajoelina reconnaît son départ depuis que la radio française RFI avait annoncé son exfiltration dimanche par un avion militaire français. Lors d'une allocution lundi, il avait dit s'être réfugié dans un "lieu sûr", sans plus de précision.

Le colonel Randrianirina a promis des élections dans un délai de 18 à 24 mois et assuré préparer un "processus de consultation pour trouver un Premier ministre le plus vite possible".

- L'ONU préoccupée -

Sur l'emblématique place du 13-mai à Antananarivo, épicentre de la contestation, les véhicules blindés ont laissé place à une scène où la vedette locale Thiera Kougar a offert un concert mercredi. Des duels de danse ont remplacé le va-et-vient des pick-ups bondés de militaires.

"Ils ont gagné le droit de s'exprimer, parce qu'avant on se faisait arrêter", a jugé Fenitra Razafindramanga, 26 ans, capitaine de l'équipe de rugby de Madagascar, venue se joindre aux fêtards.

Les manifestations, lancées par le collectif de jeunes Gen Z, visaient à dénoncer les coupures d'eau et d'électricité récurrentes mais avaient rapidement tourné à une contestation généralisée.

La répression a été sanglante: au moins 22 personnes ont été tuées et une centaine blessées, d'après un bilan de l'ONU.

L'Union africaine a suspendu Madagascar de ses instances "avec effet immédiat". Le secrétaire général de l'ONU s'est dit "profondément préoccupé par le changement inconstitutionnel de pouvoir".

La France, ex-puissance coloniale, a jugé "essentiel que la démocratie, les libertés fondamentales et l'État de droit soient scrupuleusement préservés".

M. Rajoelina était lui-même arrivé au pouvoir en 2009 dans des conditions similaires, désigné par les militaires après un soulèvement populaire. Après un retrait de quatre ans, il s'était fait élire en 2018 et 2023 dans des conditions contestées.

Critique de longue date du pouvoir, le colonel Randrianirina a été emprisonné plusieurs mois à partir de novembre 2023 pour incitation à la mutinerie en vue d'un coup d'État, selon des informations de presse.

Madagascar, qui a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires, reste l'un des pays les plus pauvres de la planète. Au moins 80% de ses 32 millions d'habitants vivent avec moins de 2,80 euros par jour, le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale.

L.Boyle--NG