

Russie: un ancien vice-ministre de la Défense condamné à 13 ans de prison
Un tribunal moscovite a condamné mardi à 13 ans de prison Timour Ivanov, un ancien vice-ministre russe de la Défense, pour détournement et blanchiment d'argent dans une affaire de corruption en plein conflit armé contre l'Ukraine.
Le juge Sergueï Podoprigorov a annoncé que M. Ivanov était condamné "à 13 ans d'emprisonnement en colonie à régime ordinaire", selon des journalistes de l'AFP présents sur place.
Il est également condamné à une amende de 100 millions de roubles (environ 1,08 million d'euros au taux actuel).
Avant son arrestation en avril 2024, Timour Ivanov, 49 ans, était considéré comme l'un des hauts fonctionnaires les plus riches de Russie. A plusieurs reprises, il avait été accusé de malversations par des opposants et des médias russes indépendants.
Depuis le remplacement au printemps 2024 de l'ex-ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou par Andreï Belooussov, au moins dix responsables du ministère et des généraux ont été placés en détention ou visés par des poursuites.
Des observateurs ont évoqué une purge visant des proches de M. Choïgou ou des militaires critiques de leur hiérarchie. Une hypothèse démentie par le Kremlin, qui a affirmé qu'il s'agissait de simples opérations anti-corruption.
L'armée russe est régulièrement entachée par des scandales de fraudes et de détournements.
Après sa nomination, le nouveau ministre de la Défense, Andreï Belooussov, un économiste de formation, avait prôné une "optimisation" de l'utilisation des budgets militaires, qui ont fortement augmenté pour mener l'offensive en Ukraine.
- Ex-responsable du BTP -
Mardi, M. Ivanov, vêtu d'un polo sombre, a réagi au verdict en souriant. Le parquet avait requis contre lui 14 ans de prison.
Un autre accusé dans cette affaire est Anton Filatov, ancien directeur de l'entreprise militaire russe Oboronloguistika, qui appartient au ministère de la Défense. Il a été condamné à douze ans et demi d'emprisonnement.
Après le verdict, l'avocat de Timour Ivanov, Mourad Moussaïev, a dénoncé devant la presse une "exécution" pour l'exemple et affirmé qu'il y avait "une absence totale de preuves" dans ce dossier.
"Toutes les rumeurs sur les milliards que possèderaient Ivanov sont très exagérées", a-t-il assuré.
M. Ivanov, personnage en vue et dans le cercle des puissants, était chargé plus particulièrement des contrats de construction liés à l'armée. Il est notamment accusé d'avoir détourné des milliards de roubles de la banque Interkommerz, qui a fait faillite en 2016.
On lui reproche également d'avoir détourné 200 millions de roubles (environ 2,15 millions d'euros au taux actuel) lors de la vente des ferrys destinés à la traversée du détroit de Kertch, entre la Russie et la péninsule ukrainienne annexée de Crimée.
- "Général glamour" -
M. Ivanov fait l'objet depuis 2022 de sanctions de l'Union européenne.
La Fondation anti-corruption, organisation d'opposition créée par le détracteur numéro 1 du Kremlin Alexeï Navalny, mort dans une prison russe l'an dernier dans des circonstances opaques, a publié une enquête sur M. Ivanov en 2022.
D'après cette organisation, interdite en Russie pour "extrémisme", il avait divorcé de sa femme uniquement pour lui permettre de contourner les sanctions européennes et de continuer à vivre dans l'UE.
Son train de vie fastueux lui avait valu d'être surnommé "le général glamour" par des médias russes.
Parmi ses biens saisis dans le cadre de l'enquête des autorités russes figurent 23 voitures de luxe, d'après l'agence Tass.
Selon la Fondation anti-corruption, il a supervisé et profité de projets de construction à Marioupol, en Ukraine, ville qui est tombée sous le contrôle de Moscou après le siège meurtrier en 2022.
Marioupol a été largement ravagée par les bombardements russes. Après la capture de la ville, un vaste programme de BTP a été mis en place par les autorités russes. Et M. Ivanov y jouait un rôle central.
R.Ryan--NG