

Bolivie: deux policiers tués dans des heurts avec des partisans de Morales
Deux policiers ont été tués mercredi en Bolivie lors de heurts entre partisans de l'ancien président Evo Morales, qui bloquaient une route, et forces de l'ordre qui tentaient de les déloger, a annoncé le gouvernement.
Depuis le 2 juin, les soutiens d'Evo Morales bloquent plusieurs routes du pays, réclamant la démission du président Luis Arce, qu'ils rendent responsable de la crise économique dans laquelle le pays est plongé et qu'ils accusent de vouloir écarter leur leader de la présidentielle du 17 août.
Le ministre de l'Intérieur Roberto Rios a indiqué que deux policiers avaient été tués et plusieurs autres blessés, dont un grièvement, après un premier bilan ayant fait état d'un agent mort.
Il a affirmé sur Facebook que les policiers avaient été "lâchement assassinés par des coups de feu".
Les heurts ont éclaté dans la ville minière de Llallagua, dans la région de Potosi, où 17 personnes avaient été blessées mardi lors d'affrontements entre manifestants et habitants excédés par le blocage de la route. Parmi les blessés, quinze étaient des habitants et deux des policiers.
Plus tôt mercredi, le président Luis Arce avait annoncé une opération conjointe de la police et de l'armée pour débloquer un important axe routier dans le centre du pays, précisant que d'autres opérations similaires allaient suivre.
- "Encercler La Paz" -
"Aujourd'hui, nous avons ordonné une opération pour débloquer la route Oruro-Cochabamba", a indiqué le dirigeant lors d'une conférence de presse. Cette route permet de relier Cochabamba, dans le centre du pays, à La Paz, la capitale administrative du pays andin.
L'objectif des protestataires "est d'encercler La Paz pour la faire plier par la faim", a-t-il ajouté.
La presse locale a fait état au cours de la journée d'affrontements entre forces de l'ordre et partisans d'Evo Morales à Parotani, près de Cochabamba.
"Nous avons deux policiers blessés à Parotani", a indiqué la ministre de la Santé Maria Renée Castro.
Le leader paysan David Veizaga, proche de Morales, a déclaré à la presse que les militaires et policiers avaient reçu l'ordre présidentiel d'utiliser leurs armes à feu. "Que le gouvernement de Luis Arce ordonne le retrait des unités policières et militaires afin de ne pas se salir les mains avec du sang", a-t-il lancé.
Selon l'autorité nationale des routes, il y avait mercredi 21 points de blocage dans tout le pays, contre 29 la veille.
Evo Morales n'a pas pu s'inscrire à l'élection présidentielle d'août car le parti qu'il avait choisi n'a pas de statut légal.
Pour le gouvernement, les barrages routiers visent à empêcher le scrutin présidentiel et forcer une candidature de M. Morales, qui a gouverné à trois reprises entre 2006 et 2019 et que la justice a déclaré inéligible pour avoir dépassé le nombre autorisé de réélections.
Le parquet a ouvert lundi une enquête contre lui pour "terrorisme", "incitation à commettre des délits" et "atteinte à la sécurité des services publics" entre autres infractions pénales, après une plainte du gouvernement l'accusant de promouvoir les protestations.
Evo Morales vit retranché sous la protection de ses partisans dans son fief du centre du pays, dont il n'a pas pu sortir depuis octobre dernier, étant visé par un mandat d'arrêt pour une affaire de traite de mineure qu'il nie.
Selon le parquet, il aurait entretenu en 2015, alors qu'il dirigeait le pays, une relation avec une adolescente de 15 ans avec le consentement des parents de cette dernière, en échange d'avantages.
Y.Byrne--NG