

Israël rappelle des dizaines de milliers de réservistes pour son offensive à Gaza
Israël a commencé à rappeler de dizaines de milliers de réservistes en vue d'une expansion de son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza, ont rapporté samedi des médias israéliens.
Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a ni confirmé ni démenti ces information alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, soumis à la pression de ses soutiens d'extrême droite sans lesquels il perdrait sa majorité, multiplie les propos va-t-en guerre.
Samedi soir, il s'en est pris au Qatar, émirat qui mène avec l'Egypte une médiation en vue d'une trêve avec le Hamas et d'un accord de libération de otages encore détenus par le mouvement islamiste palestinien ou ses alliés dans la bande de Gaza, l'enjoignant à "cesser son double jeu et son double langage".
"Israël gagnera cette guerre légitime avec des moyens légitimes", a-t-il ajouté, semblant signifier ainsi la fin de toute négociation, quelques heures seulement après la publication par la branche armée du Hamas d'une vidéo d'un otage russo-israélien apparemment blessé.
Depuis qu'Israël a mis fin le 18 mars à deux mois d'une trêve dans la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, M. Netanyahu ne cesse de répéter que l'intensification de la pression militaire est le seul moyen de forcer le mouvement islamiste palestinien à rendre les otages.
- Catastrophe humanitaire -
Depuis le 18 mars, les bombardements israéliens sur la bande de Gaza sont quotidiens et l'armée a repris le contrôle de large pans du territoire qu'elle avait évacués.
Après s'être améliorée pendant la trêve, la situation humanitaire des quelques 2,4 millions de Palestiniens du territoire est de nouveau catastrophique.
Selon les médias israéliens, l'armée a commencé à envoyer ces jours-ci des ordres de mobilisation à des réservistes, prévoyant d'en rappeler des dizaines de milliers en vue d'une expansion de son offensive.
Selon cette information donnée dans les mêmes termes par plusieurs correspondants militaires, dont celui de la radio de l'armée, ces réservistes devront remplacer des appelés ou des soldats d'active à travers le pays ainsi qu'en Cisjordanie occupée afin que ceux-ci puissent être envoyés combattre à Gaza.
Des proches de journalistes de l'AFP ont déjà reçu leur "Tsav 8" (ordre de mobilisation).
Selon la télévision publique, le cabinet de sécurité israélien doit se réunir dimanche en vue d'approuver l'élargissement de l'offensive militaire à Gaza.
L'attaque des commandos du Hamas sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.
Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne.
- "Numéro 24" -
Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et a lancé une campagne de représailles militaires ayant dévasté la bande de Gaza et fait au moins 52.495 morts, en majorité des civils, selon des chiffres du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugés fiables par l'ONU.
Les informations sur le rappel des réservistes ont été publiées après que la branche armée du Hamas, a diffusé une vidéo dans laquelle apparaît un homme allongé, la tête et le bras gauche couverts de bandages avec des tâches marron.
Parlant hébreu avec un accent russe, il se présente comme "le prisonnier numéro 24" et laisse entendre qu'il a été blessé dans un bombardement israélien.
L'AFP, comme la plupart des médias israéliens, a identifié l'otage comme étant Maxim Herkin, qui aura 37 ans fin mai, mais n'a aucun moyen de vérifier son état de santé.
Sa famille a publié un communiqué demandant aux médias de ne pas diffuser la vidéo.
- A mains nues -
Samedi soir, quelques milliers d'Israéliens brandissant des portraits d'otages se sont à nouveau rassemblés à Tel-Aviv contre le gouvernement et pour exiger un cessez-le-feu permettant la libération des otages.
"Nous sommes ici car nous voulons que les otages rentrent à la maison [et] nous ne croyons pas que la guerre à Gaza aujourd'hui ait encore la moindre justification", a déclaré à l'AFP Arona Maskil, consultante de 64 ans.
Avant l'aube, onze Palestiniens dont trois enfants en bas âge ont été tués dans une frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, selon les secours locaux. L'armée israélienne a confirmé la frappe indiquant avoir visé "un terroriste du Hamas".
A la lumière de lampes torches, des secouristes et des civils ont fouillé à mains nues dans les décombres pour en extraire des victimes, selon des images de l'AFP. L'un deux repart en portant le corps inanimé d'un très jeune enfant.
Israël soumet la bande de Gaza à un blocus total depuis le 2 mars. En l'absence d'entrée de la moindre aide humanitaire depuis cette date, des responsables onusiens et d'ONG multiplient les avertissements sur un risque de famine.
W.Prendergast--NG