

Cuba: le dissident José Daniel Ferrer à nouveau arrêté
L'opposant historique cubain José Daniel Ferrer et un autre dissident ont été arrêtés mardi à Cuba après la révocation de la mesure de libération conditionnelle qui leur avait été accordée en janvier.
José Daniel Ferrer, 54 ans, et Felix Navarro, 72 ans, avaient été remis en liberté dans le cadre d'un accord négocié avec le Vatican après le retrait de l'île de la liste noire américaine des pays soutenant le terrorisme par l'ex-président américain Joe Biden, qui prévoyait la libération de 553 prisonniers cubains. Donald Trump a par la suite réinscrit Cuba sur cette liste.
La justice a révoqué "la liberté conditionnelle de deux condamnés, appartenant au groupe des 553, qui n'ont pas respecté ce qui est établi par la loi pendant la période probatoire à laquelle ils étaient soumis", a annoncé la Cour suprême dans un communiqué, en citant le cas des deux dissidents, mais sans préciser leur lieu de détention.
José Daniel Ferrer, fondateur du mouvement Union patriotique de Cuba (Unpacu) et défenseur de la lutte pacifique en faveur d'un changement démocratique sur l'île, avait été remis en liberté le 16 janvier à Santiago de Cuba (est).
Sa sœur, Ana Belkis Ferrer, installée aux Etats-Unis, a indiqué sur X que les forces de sécurité avaient "attaqué (mardi matin) le siège principal de l'Unpacu" installé au domicile du dissident, et avaient "emmené" José Daniel Ferrer, son épouse et leur fils, ainsi que des militants de son organisation "vers des lieux inconnus".
L'épouse et le fils du dissident ont ensuite été relâchés après "plusieurs heures" de détention, selon elle.
M. Ferrer a été emprisonné le 11 juillet 2021, tandis qu'il tentait de rejoindre les manifestations antigouvernementales historiques qui secouaient le pays. Un tribunal avait mis fin à sa liberté conditionnelle et l'avait renvoyé en prison pour terminer de purger une peine de quatre ans et demi à laquelle il avait été condamné en 2020.
- Convocations -
Mardi, la Cour suprême a justifié la décision de révoquer à nouveau la mesure de liberté conditionnelle en indiquant qu'il ne s'était pas rendu à deux convocations judiciaires.
"Non seulement il ne s'est pas présenté, mais il a également annoncé (...) sur les réseaux sociaux, en défi flagrant et violation de la loi, qu'il ne comparaîtrait pas devant l'autorité judiciaire", a ajouté la Cour.
Depuis sa remise en liberté, le dissident a défié les autorités en critiquant le pouvoir communiste sur les réseaux sociaux. Il a également mis en place une cantine à son domicile pour accueillir des indigents, financée par des Cubains de l'étranger.
Il avait indiqué à l'AFP que les autorités n'appréciaient pas son activisme social car cela mettait en évidence la pauvreté de certains habitants.
Felix Navarro, remis en liberté le 18 janvier dans le cadre de l'accord passé avec le Vatican et habitant à une centaine de kilomètres de La Havane, a également vu sa mesure de liberté conditionnelle révoquée pour avoir "quitté à sept reprises sa commune sans demander l'autorisation du juge d'application des peines".
Il "a été arrêté chez lui à 6H30 du matin (...)", a déclaré sur X l'opposant Manuel Cuesta Morrua.
- "Printemps noir" -
Les deux hommes ont fait partie des 75 opposants arrêtés en 2003 lors du "Printemps noir", une vague de répression contre la dissidence. Ils avaient été libérés en 2011.
Le département d'Etat américain, par la voix de sa porte-parole Tammy Bruce, a dénoncé "le traitement brutal et la détention injuste" de "patriotes cubains".
La Cour suprême a également affirmé que les deux dissidents "maintiennent des liens publics avec le chargé d'affaires de l'ambassade des États-Unis à Cuba", Mike Hammer, en poste depuis novembre 2024.
Depuis le début de l'année, le diplomate a rendu visite à plusieurs dissidents dans différentes provinces de l'île.
Lundi, il a rencontré à Santa Clara (centre) l'opposant Coco Fariñas, récompensé en 2010 par le prix Sakharov, distinction de l'Union européenne pour les droits humains, a indiqué mardi l'ambassade des Etats-Unis à La Havane.
"Cuba a-t-elle le droit de (...) s'opposer à ce que le diplomate en chef des États-Unis à La Havane soit un activiste qui encourage les Cubains à agir contre leur pays ? (...) Telle est la question", a déclaré sur X en anglais, le vice-ministre cubain des Affaires étrangères, Carlos Fernandez de Cossio.
Cuba nie l'existence de prisonniers politiques et accuse les opposants d'être des "mercenaires" à la solde des Etats-Unis.
Y.Byrne--NG