Le président taïwanais veut une armée prête face à la Chine d'ici 2027
Le président taïwanais Lai Ching-te a annoncé mercredi viser un "haut niveau de préparation" de l'armée d'ici 2027 face aux menaces d'invasion chinoise, tout en proposant des dépenses supplémentaires pour la défense de l'île.
Pékin revendique Taïwan et n'écarte pas l'option armée pour s'en emparer, la soumettant à une forte pression militaire, économique et diplomatique.
Lundi encore, le président chinois Xi Jinping a affirmé par téléphone à Donald Trump que le passage de Taïwan sous le pavillon de la Chine communiste constituait un enjeu international majeur, selon un média d'Etat chinois.
Dans ce contexte, Lai Ching-te a annoncé que son gouvernement allait proposer 40 milliards de dollars de dépenses de défense supplémentaires sur plusieurs années, dans un éditorial publié mardi par le journal américain Washington Post.
"Nous cherchons à renforcer la dissuasion en ajoutant des coûts et des incertitudes plus élevées au processus de décision de Pékin concernant l'usage de la force", a-t-il écrit.
"L'objectif est d'atteindre un haut niveau de préparation des forces de combat interarmées pour dissuader efficacement les menaces de la Chine d'ici 2027", a-t-il ensuite déclaré lors d'une conférence de presse à Taipei.
Lai Ching-te, leader du Parti démocratique progressiste, avait précédemment évoqué des projets d'augmentation des dépenses de défense à plus de 3% du PIB en 2026, et de 5% à horizon 2030, répondant aux pressions en ce sens des Etats-Unis, qui restent son soutien le plus puissant et son principal fournisseur d'armes.
Le plan de dépenses dévoilé dans le Washington Post s'étalerait sur plusieurs années, et dépasserait celui précédemment détaillé à l'AFP par un responsable du parti présidentiel, qui prévoyait un budget équivalant à 32 milliards de dollars.
"Cette enveloppe majeure ne va pas seulement financer de manière significative de nouvelles acquisitions d'armes auprès des Etats-Unis, elle va aussi grandement améliorer les capacités" de Taïwan, a ajouté Lai Ching-te dans le Washington Post.
Il a par ailleurs affirmé que ce possible relèvement des dépenses n'était pas lié aux négociations en cours avec Washington sur les droits de douane.
Ses déclarations interviennent peu après la validation de la première vente américaine de matériel militaire à Taïwan depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Le contrat, approuvé mi-novembre par Washington, porte sur 330 millions de dollars.
Selon M. Lai, ce projet de budget doit également permettre d'accélérer le développement du "T-Dome", un système de défense antiaérienne multiple, afin de se "rapprocher de la vision d'une Taïwan imprenable, protégée par l'innovation et la technologie".
"Mon message ici est clair: l'engagement de Taïwan pour la paix et la stabilité est indéfectible", a encore lancé le dirigeant.
- "Prérequis" -
Il pourrait néanmoins être difficile pour son gouvernement d'obtenir l'approbation du Parlement, où le parti d'opposition Kuomintang, qui souhaite un rapprochement avec Pékin, contrôle les finances avec son allié du Parti du peuple.
La présidente du Kuomintang récemment élue, Cheng Li-wun, s'est déjà opposée aux plans de dépenses de défense du camp Lai, soutenant que Taïwan "n'a pas autant d'argent".
Les Etats-Unis ont exhorté mercredi les formations politiques taïwanaises à "trouver un terrain d'entente" pour renforcer la défense de l'île.
"Que votre priorité soit de préserver la démocratie taïwanaise, de favoriser les conditions d'un dialogue à travers le détroit (de Taïwan, ndlr) ou de maintenir le soutien émanant de la communauté internationale, accroître les capacités de défense de Taïwan est un prérequis", a déclaré Raymond Greene, directeur de l'Institut américain de Taïwan, l'ambassade de fait des Etats-Unis sur place.
Les propos de M. Lai s'inscrivent aussi dans un contexte de forte tension entre Tokyo et Pékin au sujet de Taïwan.
La Première ministre japonaise, Sanae Takaichi, a récemment dit que des opérations armées contre l'île pourraient justifier une intervention militaire de son pays. La Chine y a vu une provocation.
G.Lomasney--NG