

Renault compte accélérer au deuxième semestre avec son nouveau patron François Provost
Le groupe Renault, dont le bénéfice a plongé au premier semestre, s'est cependant mieux défendu que la plupart de ses concurrents et compte accélérer au deuxième semestre avec son nouveau patron François Provost.
Le constructeur automobile français a publié jeudi un bénéfice ajusté semestriel en chute de 69%, à 461 millions d'euros, notamment à cause de la forte concurrence sur le marché européen.
"Nos résultats du premier semestre, dans un contexte de marché difficile, n’étaient pas en ligne avec nos ambitions initiales", a déclaré dans un communiqué le nouveau directeur général du groupe, François Provost.
L'environnement est "difficile en Europe, marqué par la baisse du marché +retail+ (les clients particuliers, NDLR) et par un marché des véhicules utilitaires en fort repli", a expliqué le constructeur.
Ces résultats étaient attendus: mi-juillet, Renault avait déjà revu légèrement en baisse ses objectifs annuels.
- "Continuité" -
François Provost a assuré jeudi, lors de sa première conférence de presse à la tête du groupe, qu'il avait "le Losange au cœur" et qu'il jouerait la "continuité" après le départ surprise de son prédécesseur Luca de Meo pour le géant du luxe Kering.
Après la Renault 5 ou le SUV Dacia Bigster, ce polytechnicien de 57 ans doit lancer une deuxième vague de nouveaux modèles. Il compte aussi accélérer la transformation du groupe français de près de 100.000 salariés.
Au premier semestre, l'entreprise a rencontré moins de difficultés que ses concurrents Volkswagen ou Stellantis, bien plus exposés aux droits de douane américains.
Selon les analystes d'Oddo BHF, François Provost "amène une visibilité très attendue" chez Renault.
Comme annoncé début juillet, l'évolution comptable du traitement de son partenaire japonais Nissan et ses mauvais résultats se sont cependant traduits par une perte nette de 11,2 milliards d'euros dans les comptes semestriels de Renault.
Le chiffre d'affaires du constructeur français (marques Renault, Dacia, Alpine) a atteint 27,6 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 2,5% sur un an.
Des lancements récents de véhicules (les SUV Dacia Bigster et Renault Symbioz, ou la Renault 5 électrique) ont permis d'augmenter les ventes et "cet effet positif continuera de s’améliorer au cours du prochain semestre", espère Renault.
Les ventes des versions hybrides de ses Clio, Captur, Symbioz ont fortement grimpé et représentent près d'un tiers des ventes en Europe. Mais si les ventes de voitures électriques progressent encore plus fort, ces véhicules ne représentent encore que 12,3% des ventes au premier semestre.
"Nous savons exactement ce qu'il faut faire, notamment en ayant +benchmarké+ (comparé, NDLR) nos meilleurs compétiteurs, notamment nos compétiteurs asiatiques", a souligné François Provost.
- Formule 1 -
Si, sous Luca de Meo, le constructeur est sorti de l'ornière où il se trouvait en 2020, il doit encore retrouver des marges stables et se développer à l'international.
Le groupe a déjà fait des économies au premier semestre (287 millions d’euros), notamment grâce à de bonnes négociations sur ses achats.
Renault compte renforcer ce plan d'économies du côté des frais administratifs comme des coûts de production et de recherche et développement. Il a dit avoir gelé les embauches au niveau mondial jusqu'à la fin de l'année, sauf pour les ouvriers dans les usines.
François Provost a en revanche confirmé le coûteux engagement de l'écurie Alpine en F1, avec l'ambition de "rencontrer le succès" en 2026 avec une nouvelle voiture.
Pour se développer à l'international, Renault gardera parmi ses "priorités" l'Amérique du Sud et l'Inde, mais ne s'intéressera ni à la Chine ni aux Etats-Unis, a précisé son nouveau patron.
"Il n’y a pas de projet de grande alliance" avec son partenaire chinois Geely (propriétaire de Volvo Cars, entre autres), a-t-il souligné.
Renault vise désormais une marge opérationnelle à 6,5% du chiffre d'affaires pour l'année 2025, contre une marge supérieure ou égale à 7% précédemment.
La présentation du nouveau plan stratégique, qui doit succéder à la Renaulution de Luca de Meo, retardée de quelques mois, est désormais prévue au premier semestre 2026.
La CFDT Renault a estimé dans un communiqué que "l'arrivée d'un nouveau directeur général constitue une opportunité de renouer un dialogue social de qualité". Elle observe que "le groupe préserve ses fondamentaux" mais s'inquiète de la "baisse marquée" du marché des utilitaires.
Le syndicat invite donc à "évaluer sans tarder" l'impact social de ce recul et appelle François Provost à "garantir l’emploi et les conditions de travail sur les sites concernés".
W.P.Walsh--NG